A Jérusalem-Est, le quartier Al-Boustan s'organise contre sa destruction annoncée.

Publié le 22 Mars 2009

La résistance s'est organisée. Une grande tente a été dressée et un
comité de défense a été désigné. Le quartier Al-Boustan ("le jardin") à
Jérusalem-Est est sur le pied de guerre. Les autorités israéliennes ont
projeté de démolir 88 maisons pour y créer un parc. Le projet date de
quatre ans, mais il vient d'être remis sur la table, et des ordres de
démolition ont été notifiés aux 1 500 habitants de ces maisons qui, dit
la mairie, ont été construites sans permis de construire.

"Certaines de ces maisons datent d'avant l'occupation de 1967, et les
demandes de permis ne sont jamais accordées", proteste Abed Shalode, du
comité de défense. Des cartes ont été déployées sur le mur pour
expliquer comment la colonisation est en marche à Jérusalem-Est.
Des zones plus claires cernées de rouge indiquent les emplacements des
implantations juives et leur progression dans le faubourg de Silwan,
dans lequel figure le quartier Al-Boustan. Située au pied de l'esplanade
des Mosquées, le Mont du Temple pour les juifs, près de la face sud de
la vieille ville, cette zone est âprement convoitée par les colons pour
en faire un prolongement du quartier juif.
C'est à cet endroit qu'est située la cité de David. D'intenses fouilles
archéologiques y sont menées pour retrouver les traces de l'ancien
royaume et démontrer que cette terre est bien juive. D'autant que la
municipalité de Jérusalem projette d'en faire un lieu touristique.

"Pas de site touristique sur les ruines des maisons de 1 500 habitants",
proclame un écriteau placé sous la tente. Deux maisons ont déjà été
détruites, et la population craint l'arrivée soudaine des bulldozers.
"La réaction sera violente", prévient Daoud Siam, né à Al-Boustan il y a
soixante-dix ans. "Ils veulent nous humilier, nous provoquer, voler
notre terre, mais nous ne nous laisserons pas faire", ajoute-t-il en
mettant directement en cause le nouveau maire de Jérusalem, Nir Barkat,
qualifié de "boutefeu de la ville sainte".
Elu il y a quatre mois, ce dernier a fait savoir que "la loi devait être
respectée quelles que soient l'identité, la race, la résidence et la
religion". Al-Boustan est devenu un abcès de fixation des tensions
israélo-palestinienn

es. Vingt et un lauréats du prix Israël, parmi lesquels des écrivains
célèbres, ont lancé un appel pour que cessent les démolitions à
Jérusalem-Est. Hillary Clinton, secrétaire d'Etat américaine, s'est émue
de la situation, lors de sa visite début mars, en déclarant que les
démolitions "ne facilitent pas le processus de paix" et "violent la
feuille de route" du plan de paix international, qui prescrit un gel de
la colonisation. Ce commentaire n'a pas été du goût de Nir Barkat qui
l'a qualifié de "mauvais signal" envoyé à "ceux qui ne respectent pas la
loi".

Al-Boustan est devenu le test de la volonté de Washington de prendre une
position claire contre la poursuite de la colonisation qui ruine la
possibilité de créer un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme
capitale comme le souhaitent les Palestiniens. Cinquante-cinq autres
maisons sont également dans le collimateur à Choufat, au nord de
Jérusalem. Craignant un raidissement du prochain gouvernement israélien,
qui pourrait être très à droite, l'Autorité palestinienne est sur le
qui-vive. Soixante-dix familles juives vivent déjà à Silwan.

La fondation Elad, une organisation nationaliste religieuse, tente par
tous les moyens de conquérir de nouveaux espaces, maison après maison. A
chaque succès, les colons font immédiatement flotter le drapeau
israélien pour marquer le territoire. La municipalité a précisé que
seules les maisons construites après 1992 étaient concernées par les
démolitions. Les résidents ont demandé en vain que cette zone soit
classée résidentielle. Le rejet a été finalement notifié le 17 février.
Depuis, c'est l'inquiétude.

Très impliqué à Jérusalem, le cheikh Raed Salah, dirigeant arabe
israélien (il dirige la branche nord du Mouvement islamique), est venu
dire sur place : "Notre position est claire : soit nous vivons sur notre
terre, soit nous y serons enterrés."


Michel Bôle-Richard - Le Monde du 19 mars 2009



Rédigé par Association Solidarité Forez Palestine

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